Comment choisit-on sa distribution ?

Pourquoi choisit-on une distribution plutôt qu’une autre ?
Peut-être pensez-vous l’avoir fait en totale liberté pourtant il me semble que pas mal de facteurs extérieurs influent sur ce choix.

Contraintes matérielles
Le premier facteur qui va influencer votre choix (et même peut-être la possibilité de ne pas pouvoir choisir ou d’abandonner l’utilisation de GNU/Linux) est votre matériel.
J’ai personnellement dû attendre plus de cinq avant de pouvoir installer une distribution qui tourne correctement à cause de problèmes d’écrans et de cartes graphiques. C’est l’acquisition en 2006 d’une carte nVidia qui m’a ouvert la porte d’un système d’exploitation libre qui me permette de faire tout ce que je faisais avec mon ancien système propriétaire.
Plus récemment, l’acquisition en 2011 d’une imprimante Lexmark soi-disant Linux Ready m’a causé pas mal de soucis et à influencé la passage ou pas sur certaines distributions ou versions de distribution.
Enfin, l’utilisation d’un vieux Laptop aux ressources très limitées et avec certaines caractéristiques matérielles (non support du PAE) ne laisse pas beaucoup de choix sur les distributions qui permettent une utilisation correctes.

Habitudes
Un autre facteur et non des moindres est le poids des habitudes.
J’en parlais ici concernant la disposition des boutons mais plus généralement, le choix du bureau va être influencé par nos habitudes et le confort de se retrouver dans une configuration connue avec les habitudes qui vont avec. La preuve : un rejet massif d’Unity et Gnome 3.
Je me suis rendu compte il y a peu de temps que ma vision du bureau idéal avait été façonné par l’arrivée de Win98 Millenium Edition si je me souviens bien qui permettait d’avoir un bon vieux menu démarrer, des raccourcis pour les quelques applications principales, dont le bouton bureau afin de pouvoir accéder à tout le bazar qu’on met sur son bureau et puis toutes les icônes à droite pour avoir accès aux applis qui tournent en tâche de fond. La plupart des environnement de bureau permettent ce genre de configuration et le succès récent de Cinnamon n’y est pas étranger. Je développerai peut-être une autre fois comment sortir de ce modèle pour pouvoir apprécier d’autres environnements tels que Gnome 3 mais ce n’est pas l’objet de ce billet.
L’utilisation d’un dock ou de la touche super pour accéder rapidement à des applications va à nouveau modifier vos critères de choix.
Bref, le poids des habitudes faisant, certains environnements de bureau vous paraissent très certainement plus agréables que d’autres et cela va forcément intervenir sur le choix de la distribution puisque certains bureaux y sont intégrés par défaut, faciles ou pas à ajouter ou totalement absents.

Histoire informatique
Le facteur suivant qui va intervenir dans le choix de la distribution est l’histoire propre à chacun avec différents systèmes.
Pour ne citer qu’un exemple, l’habitude de utilisation de certains paquetages va faire que l’on est plus enclin à migrer vers les distributions utilisant le même type de paquetages. Plus généralement, les distributions dérivées les unes des autres ne posent pas trop de problèmes d’adaptation. Ainsi, ceux qui comme moi ont commencé sous Ubuntu n’ont pas trop de mal à passer à Mint et à peine plus pour passer à Debian. Ici intervient le prochain facteur.

Capacités de bidouillage
Si aller chercher comment régler des problèmes ou configurer sa machine sur les forums et dans la doc ne pose pas de problème, on va plus facilement aller vers des distributions moins user friendly que ceux qui veulent que tout fonctionne out of the box sans avoir à se fader des tas de réglages ou installations supplémentaires.

Philosophie
Enfin, ou peut-être d’abord, la philosophie que l’on a par rapport aux logiciels libres va influencer certains plus probablement pour écarter certaines distributions ou n’en garder que quelques-unes.
Plusieurs philosophies peuvent ici intervenir : la principale est l’aspect libriste, les plus convaincus iront jusqu’à ne retenir que les distributions approuvées par la FSF, les moins soucieux n’auront aucun problème à intégrer des firmwares ou logiciels propriétaires dès l’installation (ici les contraintes matérielles ne laissent pas toujours le choix). D’autres préféreront un développement communautaire à la présence d’une grosse société.

En plus de toutes ces contraintes induites, subies ou choisies, viennent se greffer des préférences personnelles sur l’aspect esthétique et technique de son environnement et de sa maintenance.

Stabilité / nouveauté
Ainsi, certains préféreront avoir un système stable et fonctionnel pour une voire plusieurs années plutôt que de devoir faire des mises à jour avec le risque de perdre certaines fonctionnalités (même si on en gagne d’autres), devoir reconfigurer, voire galérer avec certains périphériques. D’autres préféreront avoir un système toujours à jour avec les dernières versions de logiciels quitte à avoir quelques instabilités temporaires.

Esthétique / fonctionnalité
L’un n’empêche pas forcément l’autre mais selon les utilisateurs, l’important est d’abord d’avoir un système qui en jette avec plein d’effets ou un aspect esthétique très léché alors que d’autre veulent d’abord avoir quelque chose d’efficace et minimaliste même si l’aspect est plutôt austère.

Facilité d’utilisation / paramétrabilité
Ici non plus l’un n’empêche pas l’autre car on peut théoriquement tout paramétrer dans les systèmes GNU/Linux pourtant, certains environnements ou distributions le permettent plus ou moins facilement notamment grâce à des outils graphiques présents de base.

Voilà, l’objet de ce billet n’était pas de donner une recette toute faite pour choisir une distribution plutôt qu’une autre mais de balayer les principaux facteurs qui influent sur les choix que l’on fait ou que l’on pense faire.
Bien entendu, on pense toujours faire le meilleur choix et on ne comprend pas pourquoi les autres ne font pas le même. Il n’y a qu’à voir les commentaires dans les blogs ou forums qui lorsque quelqu’un parle de son amour ou de ses doutes sur telle ou telle distribution recommandent toujours la distribution ultime qui va forcément le combler.
La liberté de choix et le panel qu’offrent les logiciels libres permettent en principe à chacun de trouver chaussure à son pied selon ses contraintes, le tout étant de les définir, de les assumer et de reconnaître qu’elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde et tout le temps.
D’ailleurs vous-mêmes ne juriez-vous pas de certains choix il y a quelques années que vous désapprouvez complètement maintenant ?

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