Les livres numériques, une dématérialisation des repères

Suite des chroniques sur un monde qui change. Cette fois je vais aborder mon expérience vis-à-vis de la dématérialisation des produits culturels et d’abord des livres.

Il y a pile un an, je m’interrogeais sur l’utilité des liseuses numériques et pour ne pas gaspiller plus de 100€ dans un objet dont je ne savais pas si j’en aurais l’utilité, faisais l’achat pour pas cher d’un entre deux, ni liseuse, ni tablette, mais permettant de lire des livres numériques et accessoirement de regarder des vidéos à l’issue de bidouillages qu’un futur adepte de Firefox OS ne craignait pas.

Petit bilan de cet achat.
C’est parfait pour les longs voyages en train permettant d’emporter dans un même appareil de quoi lire, écouter de la musique et visionner des vidéos.
J’y ai lu plusieurs ouvrages libres, des nouvelles et un roman mais je dois dire qu’il reste un peu en plan depuis plusieurs mois. D’abord parce que je lis principalement des livres que j’achète sur des braderies ou que j’emprunte en bibliothèque donc non numériques et que je ne suis toujours pas prêt à débourser 15€ pour quelque chose d’immatériel dont je n’aurai jamais la propriété.

Sur le principe, ce n’est pas trop mal, la lecture n’est pas plus désagréable que sur un livre, en plus on économise des arbres (mais je doute du bilan écologique de la pâte à papier versus tous les appareils électroniques qu’il faut renouveler dès qu’une nouvelle technologie la remplace), c’est moins lourd qu’un livre mais je dois dire que je ne suis pas encore convaincu.

Autant pour étudier des passages de textes anciens appartenant au domaine public, lire une nouvelle plutôt que de l’imprimer ou un livre à survoler, c’est approprié mais pour lire des romans ou naviguer dans des pavés, j’ai encore un doute. Certains me diront que l’on peut emporter sa bibliothèque partout sauf qu’on ne lit rarement plus d’un ou deux livres à la fois. De plus, il ne faut pas avoir à chercher un passage lu précédemment et on perd les repères de spatialité de la lecture (quand on ouvre une page de livre au début, au milieu ou à la fin) d’ailleurs des études récentes semblent confirmer cette impression : on est plus immergé dans l’histoire mais on se souvient moins de la chronologie et des détails de l’histoire lue.

Mon expérience personnelle sur le roman que j’ai lu (qui ne vaut pas généralisation) est tout à fait en cohérence avec ces résultats, d’autant que je lis actuellement le troisième volet de la série et que j’ai lu le premier sur papier et le deuxième sur liseuse l’un à la suite de l’autre il y a pile un an. Comme l’auteur fait référence aux événements des précédents tomes sans en rappeler la teneur, j’ai de gros problèmes de souvenirs sur les éléments lus dans l’exemplaire numérique et beaucoup moins pour ceux du format papier.

Après, ce n’est sans doute qu’une question d’habitude et culturelle. Nos enfants s’en sortiront sans doute mieux puisqu’ils y auront baigné depuis tout petit. D’ailleurs, les bibliothèques s’y mettent de plus en plus.
Mais psychologiquement, une œuvre non matérielle reste pour moi un problème ; et encore plus pour la musique, c’est ce que nous verrons dans le prochain billet.

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