Adblocker c'est pécher

Le sujet de la publicité sur internet et ailleurs est un sujet qui revient sans cesse ; qu’on la fasse sortir par la porte, elle revient par la cheminée (surtout à l’approche de Noël). Beaucoup de monde est d’accord pour dire qu’elle est nuisible mais comme c’est l’or noir du XXIème siècle, peu de chance pour que vous n’en ayez aucune face à vous l’espace d’une seule heure.

Si vous allumez la radio qui ne soit pas une radio associative (comme Radio Campus) ou une radio publique (et encore, sur France Info, les messages publicitaires s’immiscent de plus en plus), vous n’échapperez pas à l’abrutissement toutes les 20 minutes pour aller dans votre supermarché profiter d’une offre quelconque. Et si vous avez l’idée de zapper, vous pourrez remarquer qu’elles s’arrangent pour le faire toutes en même temps. Ma solution : moins d’un quart d’heure de radio à la fois et des podcasts qui ont miraculeusement échappé au phénomène.

Je ne vous parle pas de la télé parce que je n’en ai plus depuis le siècle dernier et que les moindres expositions me rappellent à quel point le spectateur est pris pour un benêt. Encore une fois, les replay pour les quelques émissions qui en valent la peine sont un moyen d’y échapper.

Pour continuer dans l’information, si vous voulez lire les nouvelles, à part quelques rareté comme le Canard Enchaîné, peu de chance que vous ne tombiez pas sur une belle photo d’une bouteille ou d’une voiture.

Lorsque vous êtes sur le trottoir ou pire, dans les transports en commun, c’est plutôt en secondes qu’en heures que vous allez compter les intervalles entre les pubs. Vous me direz que ces pub-là personne ne m’oblige à les regarder, soit, mais c’est difficile de ne pas quitter ses pieds de vue. La dernière trouvaille, ce sont les écrans animés aux carrefours, dans les magasins ou dans les espaces publics, et là, difficile de détourner son regard irrésistiblement attiré par ces lumières qui bougent (ou alors ne suis-je plus assez immunisé par une dose quotidienne de télé ?) ; d’ailleurs, une petite enquête sur les accidents aux carrefours avec ou sans ces panneaux m’intéresserait mais ce ne sera jamais la faute des annonceurs qui font même de la publicité verte avec ces lumières allumées 24h/24 plutôt que de gâcher du papier.

En parlant de papier, cela fait longtemps que je les refuse dans ma boîte aux lettres. En fait, je me rends compte que les gens doivent passer autant de temps à regarder des pubs que moi à lire les flux rss qui m’intéressent.

Mais venons-en au sujet du billet, depuis quelques temps, on voit fleurir des articles (de presse, de blog ou d’annonceurs) qui tendent à nous sensibiliser sur le fait que bloquer les pubs, c’est leur enlever le pain de la bouche. Bah, oui, à force de remplir les écrans de leurs merdes clignotantes, l’utilisation des bloqueurs de pub n’est plus l’exclusivité des geeks et des hackers, il faut dire que ce n’est pas bien difficile et qu’une fois installé, on se demande comment on pouvait supporter toutes ces annonces.

Alors, certains commencent à dire, bon OK, je désactive sur des sites que j’apprécie parce que sinon ils ne gagneront plus assez d’argent et arrêteront et on commence même à ne pouvoir avoir accès à certains sites que si on désactive. Cela me rappelle une catho qui ne voulait pas mettre de sticker anti-pub sur sa boîte aux lettres parce que cela donne du travail à celui qui distribue (elle aurait dû regarder les conditions de rémunérations de cette nouvelle catégorie d’esclaves). Et c’est là où je veux en venir comme je l’avais déjà fait auparavant : qu’une catho culpabilise, c’est un peu normal puisque c’est ce que la religion l’incite à faire, mais cette religion que tout le monde pense avoir laissé derrière lui continue à faire des ravages dans la société (Emmanuel Todd dont on apprécie ou pas les thèses nomme cela fort justement les catholiques zombies).
Attention, je ne critique en rien la religion et respecte les croyances de chacun, ce que je critique ici, c’est le poids d’un héritage dont on se dirait détaché sans avoir réellement pris conscience de son influence.

Ainsi, le péché qui était autrefois d’être gourmand ou de prendre du plaisir (sexuel notamment, voire avec des partenaires non légitimes) est maintenant remplacé par d’autres fautes morales issues de la communauté dont nous faisons partie.
Vous voulez des exemples ? J’en ai des tas.
Vous vous dites écolo, ou mieux, décroissant, le moindre déplacement en voiture alourdit votre bilan carbone comme autant de mauvais karma, prendre l’avion relève du péché mortel.
Vous êtes libriste ? Combien avez-vous de paquets non-libre sur votre PC que je vous dise votre degré de sainteté selon RMS ? Je ne parle bien sûr pas de ceux qui ont encore un Windows qui traîne et qui sont bons pour le bûcher.
Vous voulez sauver internet ? Acceptez ses publicités sinon vous n’aurez plus accès à de l’information de qualité et des services gratuits.
Bien sûr ces exemples sont des critères de cohérence et j’essaie moi-même de limiter mon bilan carbone et les paquets non-libres mais sans pour autant culpabiliser ou me donner des excuses pour avoir bonne conscience. Il suffit d’assumer ses choix.

Quand à la publicité, ce sont ceux qui ont misé dessus qui l’ont choisie. Dire que masquer les pub c’est voler, c’est comme si on vous disait dans la rue que si vous n’avez pas regardé le 4 par 3, vous n’aurez plus de route de qualité et que vous volez le propriétaire du panneau. D’autant qu’en général, la qualité du contenu des pages web est inversement proportionnelle à la quantité de publicités.

Alors, vous allez peut-être me dire que je vais participer au déclin de l’internet ? Mais voyez-vous la moindre trace de publicité sur mon site (vous pouvez désactiver votre bloqueur de pub pour vérifier) ? Ce qui veut dire qu’il y a des gens prêts à offrir leurs productions afin de diffuser et partager ce qu’ils aiment faire, le problème est quand on souhaite en faire une activité rémunérée. Et je n’ai pas la solution pour la presse qui est passée de journaux ou magazines papier payants (qui contenaient déjà de la publicité) à du contenu en ligne gratuit qui n’auraient que peu de lecteurs en passant à une version payante.

Hormis ceux-là, ce n’est pas un contenu financé par la publicité mais un contenu fait pour attirer les clics et c’est vous le dindon de la farce tracé et tracké pour votre bien puisqu’on ne vous proposera que ce dont vous pourriez avoir besoin. En tout cas, moi je n’ai pas besoin des publicités, tant pis pour ceux qui ne jurent que par elle.

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