Ma fréquentation régulière du monde du podcast (dont pâtit quelque peu ce blog), qui n’est pas particulièrement libriste mais relativement versé dans la technologie et l’attiré pour la nouveauté me semble révéler un mouvement de fond : Linux devient une alternative crédible.
Certes, cela fait des années que nous répétons qu’il est désormais plus facile d’installer une distribution généraliste qu’un Windows, qu’il est révolu le temps de compiler ses drivers et qu’un Desktop bien peaufiné n’a rien à envier à iOS, mais comme nous crions entre nous, le temps de diffusion semble bien long.
Tous les gens qui touchent un peu à la technique, à la domotique, aux serveurs ou aiment bidouiller, ont désormais eu l’occasion de se frotter à une distribution et le Raspberry pi fait bien sûr parti de ce mouvement. Alors, les habitudes sont parfois un peu dures à changer et les lignes de commandes continuent à faire peur, mais une fois qu’on a goûté à un système qui marche et que l’on peut configurer comme on le souhaite, on apprécie et on le fait savoir.
Dans la cinquantaine de podcasts non libriste que j’écoute, je compte pas loin d’une dizaine de passages à Linux qui sont évoqués depuis un an. Et pas pour des raisons idéologiques. L’essai ne sera peut-être pas totalement concluant ou ne restera cantonné qu’à une vieille machine pour les enfants, mais peu importe, d’autres que les libristes en parlent comme d’une option aussi valable qu’un autre OS. Sans oublier le nombre croissant d’articles dans la presse informatique généraliste.
Parmi les arguments évoqués par les nouveaux convertis : le ras le bol des mises à jour inopinées, les bugs sur certains matériels, les régressions… et la joie de trouver un tout nouveau système totalement fonctionnel. Cette description en titille de plus en plus qui entrevoient alors la possibilité d’essayer.
Énième effet de mode ? Je ne me fais pas d’illusions, parmi ces essais, il y a une certaine proportion qui n’hésite pas à changer de système comme de chemise et repasseront sous OS propriétaire, car seul l’attrait de la nouveauté les y aura fait goûter. Néanmoins le système sort des fourrés dans une sphère plus grand public.
2018 ne sera probablement toujours pas l’année du desktop Linux, mais peut-être sera-t-elle celle où Linux devient une option non idéologique ?
1 De fran6t -
Windows 10 et ses mises à jours interminables y sont pour quelque chose surtout en campagne où les débits ne permettent pas ces mises à jours sans de grosses nuisances aux surf. En discutant avec un petit magasin informatique proche de Montauban, ils m’ont dit que c’est la première fois en 12 années d’ouvertures recevoir des demandes pour des installations ubuntu.
2 De Mathias Poujol-Rost -
Tant qu'il y aura de la vente liée ! ! ! On n'est pas sorti·e de l'auberge.
3 De Oxydo -
Autant j'aime avoir une petite ElementaryOS sur mon pc portable, autant sur mon pc fixe je ne peux me passer de Windows. Graphiste pro et amateur de jeux vidéo, j'ai vite compris que ces deux mondes étaient totalement incompatibles avec les OS alternatifs. Il suffirait pourtant que les utilisateurs de LL comprennent que donner quelques euros aux devs pour que ces derniers puissent plus s'investir dans le développement de leurs logiciels et en faire des alternatives crédibles.
Je pense que le "c'est tout gratuit" annoncé par les libristes aux non-libristes pour les inciter à essayer le LL est une bêtise extrêmement contre-productive.
Mais ce n'est probablement qu'un problème parmi d'autres et je crois que malheureusement, Linux n'aura jamais une place sérieuse sur les desktops.
4 De TheBlebman -
Bonjour, je suis passé sur Linux Xubuntu en 2014 notamment à cause des mises à jour interminables, à l'époque sous Windows 8.1. je me souviens particulièrement d'une mise à jour qui avait duré plus de 4 heures (bien plus long qu'une installation complète : cool).
Je me souviens également d'avoir réinstallé et migré 2 PC Windows 8.1 vers W10, ça m'a pris la journée les deux fois...
J'ai toujours un PC secondaire qui tourne sous Windows 10 et toujours la même rengaine, certaines mises à jour durent plus de 30mn... Dommage car W10 est vraiment un très bel OS, bien que un peu lourd. J'envisage sérieusement une migration de ce PC sur une Debian.
Sous Linux, les mises à jour se font en arrière plan et les redémarrages sont rares.
Il y a bien d'autres avantages à utiliser un système Linux (variété, légèreté, fluidité, sécurité, mises à jour globale des applis grâce aux dépôts, possibilité d'utiliser des applis Windows via Wine ou machine virtuelle, etc).
Bien sur tout n'est pas rose et migrer vers Linux demande malgré tout quelques efforts d'adaptation, mais ça en vaut clairement le coup !
5 De Cyrille -
Il s'agit aussi d'une tendance que je constate chez les utilisateurs avec un ras le bol de Windows 10, une espèce de prise de conscience que le logiciel libre n'est pas un aspirateur à données, qu'il est aussi quelque part l'écologie du logiciel.
@Oxydo, tu peux très bien tourner avec des logiciels intégralement gratuits sous Windows 10 même si je suis d'accord avec toi, l'argument de la gratuité a été trop utilisé si bien qu'on noie et l'aspect philosophique mais surtout l'aspect rémunération.
6 De Didier A. (Iceman) -
En effet, lorsque je parle linux, ubuntu, debian, on me regarde moins avec de grands yeux, aujourd'hui. Windows 10 ne rencontre pas une folle adhésion. D'ailleurs à part XP et 7, on ne peut pas dire qu'il y a eu de bons windows depuis 20 ans mais la force de l'habitude l'emportait faute de combattants.
Mais l'alternative principale aujourd'hui, c'est quand même OSX pour le portable si on est riche, ou bien ... Android quand on a de petits besoins.
Comme le souligne Oxydo, il y a des domaines où le libre ne perce pas : Le graphisme / son / vidéo malgré des produits existants et performants, et le jeu vidéo. Pour le premier, il y a un vrai déficit de communication sur les alternatives libres. Je dois dire que Gimp ne m'a jamais totalement convaincu mais ai-je besoin de photoshop? N'y a-t-il que cela? non...
Pour le jeu vidéo, la console mène le bal encore sauf RTS et FPS. On souffre vraiment de la dispersion des librairies sur les plateformes linux. Et Steam a été un coup d'épée dans l'eau. Dommage.
7 De alterlibriste -
Merci pour vos contributions à mon propos.
Je tiens à préciser que je parlais plus particulièrement d'un usage courant : bureautique, internet, multimédia domestique.
Dès qu'on va dans des domaines plus pointus, pro ou jeux, c'est forcément plus délicat et ça ne se fait pas du jour au lendemain.
8 De 1bb13oqp -
@Oxydo, intéressant ce que tu dis là, un graphiste pro, windows…
Je me souviens d'une époque où toute la chaîne graphique ne s'entendait qu'avec des matériels Apple. Une graphiste qui dessinait des motifs pour papiers peints s'était vue contrainte d'acheter du Mac, c'était *obligatoire* (cliens, support, toussa) ; j'ai vu aussi un logiciel pour métiers à tisser, sous Mac. OK, c'était y'a 15-20 ans ;-) mais bon, signe que les choses peuvent évoluer. Au sujet d'évolution, j'ai noté que des gens qui *ne pouvaient pas se passer de windows*… font maintenant la plupart de leurs taches sur smartphone, sous Android ou iOS ; ça évolue aussi de ce côté.
9 De bobR -
Et puis il faut aussi être honnête...90% des utilisateurs qui sont sous Windows et disent qu'ils ne peuvent sans passer pour le jeux et les outils graphiques sont des gens qui utilisent allégrement des releases piratées.
Combien d'utilisateurs Windows achètent réellement Adobe Photoshop ?
Combien de ceux-ci piratent les jeux sans passer par Steam ? Des ados de 16 ans jouant à une dizaine de jeux. Chaque jeux à la sortie coûte entre 40 et 70 euros...
Si un utilisateur était confronté réellement à la politique d'Adobe sur les licences, il s'arracherait les cheveux et passerait vite sous Linux ou autre chose.
L'informatique n'est pas un loisir multimédia, c'est une science de traitement de l'information. Ce sont les commerciaux et les marketeux qui vous font croire le contraire pour mieux vous vendre leurs solutions packagées.