Réflexion un peu nostalgeek

En écoutant l’émission Place de la Toile de cette semaine dans laquelle l’invité Jean-Noël Lafargue, dit JeanNo sur son blog, parlant de son histoire avec l’informatique, je me suis laissé allé à une petite réflexion.

Les personnes nées entre 1950 et 1990 ont vu croître l’ère informatique durant leur jeunesse. C’est-à-dire que ceux qui ont voulu s’intéresser au phénomène ont dû se taper des écrans noirs et des lignes de code avant d’avoir quelque chose qui se passe. Sans vouloir offenser les générations précédentes, il y a peut-être eu quelques fous du clavier mais il ne doit pas y en avoir beaucoup.
Mon père qui est né en 1948 s’est fadé la mise en place du réseau et des outils informatique dans sa boîte. Il s’est mangé pas mal d’autoexec.bat et a des souvenirs douloureux d’Unix (si bien qu’il n’a pour l’instant pas voulu passer à Linux) ; il sait aller voir comment marche une machine mais les lignes de codes ça n’a jamais été son truc.
Pour les enfants nés après 1990, les ordinateurs démarraient tout seuls sur une interface graphique et l’accès à du code n’est pas si évidente (pour en voir, il faut le chercher car tout peut se faire en mode graphique).

Tout cela pour dire qu’une seule génération a été confrontée au code pour faire fonctionner des appareils, les plus vieux n’ont pas été éduqués à s’y frotter et les plus jeunes n’y verront pas l’intérêt puisque tout fonctionne sans que l’on ait besoin d’aller voir comment ça marche.

Bien sûr, je généralise un peu, je suis sûr que des papys codeurs existent et que nous verront encore des petits génies de l’informatique mais ce que je veux dire, c’est que personne d’autres que cette génération n’aura été plongé dans le bain sans avoir à devenir développeur.
Quelques exemples :

  • en CM2, j’ai tapé mon premier programme en Basic sur le MO5 de la classe
  • en 6ème, c’étaient des CPC464 et peu après, j’avais mon premier PC Amstrad 1512 sur lequel je faisais des programmes en Basic2
  • avant XP, il fallait pas mal bidouiller sous DOS pour faire tourner les jeux et optimiser Windows (config.sys et autoexec.bat)
  • aux débuts d’internet, j’ai fait mes premières pages perso en codant tout le code html ; par la suite, j’ai même appris le PHP et suivi des cours sur internet pour apprendre à coder en C
  • les premières install de distributions GNU/Linux se passaient toujours dans la douleur d’un Xorg.conf qui mettait la carte graphique dans les choux
  • dans le début des années 2000, faute de boulot dans mon domaine, il ne m’a fallu qu’un mois pour trouver une boîte qui m’embauche et me paye plutôt bien avec une formation de 3 mois pour me transformer en expert de pleins de choses (disons que je savais coder correctement en COBOL et NATURAL, ce que j’ai fait durant 5 ans)

Tout ça pour dire que, pour ceux qui ont voulu s’intéresser à la technologie, il a toujours fallu baigner dans le code, les autres ne s’y sont pas intéressé ou ont décroché en faisant confiance à ceux qui savaient. Maintenant, tout le monde se jette sur les smartphones et tablettes et n’a plus besoin de savoir ce qui se cache dessous puisque ça marche juste en appuyant sur un bouton.
Je ne veux pas dire que c’était l’âge d’or car la vie est bien plus facile lorsqu’il n’y a pas besoin de taper startx et se taper le montage de tous les périphériques à la main. Ce que j’essaie d’exprimer, c’est que notre génération est la seule qui aura eu la capacité de s’immerger dans la technologie pour la faire fonctionner et qu’il va falloir sacrément bien faire comprendre à nos enfants que s’ils ne veulent pas se faire contrôler par les machines et ceux qui les commandent, il va falloir apprendre à mettre les mains dans le cambouis.

Malgré tout, il y a toujours de l’espoir car des bidouilleurs ont toujours existé, que ce soit avec de la mécanique, de l’électronique, de l’informatique, ... et que c’est grâce à eux que la technique est rendu au service de l’homme et non l’inverse.

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