Coincer la bulle

Malgré les vacances, ce n’est pas de glandouille dont je veux parler, mais de la fameuse bulle de filtre et des injonctions que l’on reçoit régulièrement d’en sortir.

Pour commencer, je dois dire que je suis totalement d’accord sur le fait qu’avoir des résultats de recherche, un flux de nouvelles, des articles ou de produits qui dépendent d’un algorithme selon les habitudes, actions passées, relations n’est pas souhaitable. Et c’est bien de cela dont il s’agit quand on parle de bulle de filtre. C’est pourquoi je n’utilise aucun réseau social de ce genre. Sur Diaspora*, j’ai (seulement mais intégralement) les posts des personnes et des tags que je suis dans l’ordre de leur parution), que mes cookies sont toujours détruits à la sortie d’une page et que les articles que je lis viennent de mon agrégateur rss : j’ai une maîtrise quasi totale de ce qui m’arrive sans avoir à subir ce que je n’ai pas choisi que ce soit en pub ou en recommandation.

On peut donc dire que je subis assez peu la bulle de filtre, d’autant que je n’utilise quasiment aucun outil proposé par les GAFAM. J’ai effectivement pu voir que YouTube me proposait des choses en rapport avec ce que j’avais déjà vu sur les navigateurs sans destruction automatique de cookies, ce qui est rarement le cas. De plus, j’effectue mes recherches depuis un moteur de recherche et ne vais sur ce type de site que pour un besoin particulier, pas pour enchaîner des tas de vidéos selon les recommandations qui peuvent dévier très rapidement.

Mais le terme de bulle semble (dans ma sphère de lecture en tout cas) s’être élargi à l’entre-soi. Oui, Diaspora* est un repère de libriste, ça tombe bien, c’est pour ça que j’aime y aller. Oui, entre blogueurs, on se renvoie la balle, on se cite, on se commente, on se critique, … Je revendique et j’approuve. Cela ne veut pas non plus dire que je ne fais que ça ; dans ma vie de tous les jours, je n’en connais aucun et pourtant j’ai des relations sociales.

Prenons justement le cas de la vie courante. Quelles sont les relations (avec qui on a de véritables discussions) que l’on a en général hors du foyer : la famille, les collègues et les amis. Si on les compte tous les ans et qu’on fait le différentiel chaque année, j’ai un doute qu’il y ait plus d’une ou deux personnes différentes. Pire, selon nos études et notre milieu social, on va probablement croiser toujours le même type de gens, le même strate culturelle de la population. Qu’y a-t-il de mal à ça ? Plein de gens garde leur même bande de potes depuis leurs études.

Personnellement, j’ai déjà eu des boulots d’ouvrier, de technicien, d’ingénieur, d’artisan, de commerçant, de fonctionnaire, d’enseignant, travaillé dans des boîtes familiales, des exploitations agricoles ou des multinationales ; j’ai donc pu brasser une partie non négligeable de la société et des milieux de travail. Mais je sais que je n’aurais jamais l’idée de la vie dans le monde de la finance, de la politique, du monde sportif ou que sais-je encore ? Qui peut connaître l’intégralité des conditions de vie ?

Enfin, avec les loisirs ou la vie associative, j’ai aussi l’occasion de rencontrer des gens d’âges, de métiers et de milieux différents. Je ne dis pas que je comprends tout de leur vie ou suis d’accord avec leurs idées mais j’essaie de les écouter et de comprendre leur point de vue tout en partageant le mien.

Alors, cette histoire de sortir de sa bulle numérique, bah non ! C’est moi qui me la suis créée. Je me la façonne tous les jours et je n’ai aucunement envie de la remplir de ce que je ne souhaite pas y mettre. Mon internet n’est pas mort, il est tel que je le veux. Je n’y mets que les gens qui me semblent intéressants, je n’y regarde que ce qui me plaît. Quand ça me gave, je le fais disparaître. Bien sûr qu’il y a d’autres avis et beaucoup de trucs moches mais à quoi bon y porter attention si ce n’est augmenter encore leur importance par ma simple audience ?

Et dans ce qui me plaît, j’essaie d’apporter ma petite pierre en y partageant mes réflexions et en échangeant avec ceux qui m’apportent quelque chose. Comme je le fais ici... au cœur de ma bulle.

Haut de page