Surveillance ne veut pas dire sécurité

Ces dernières nuits, il faisait pas mal de vent (rien de bien anormal sur la côte d’Opale) et à un moment je me suis réveillé en pensant entendre la sonnette (mais peut-être aussi était-ce dans mon rêve). Quoi qu’il en soit, c’est le genre de réveil pas très agréable, que ce soit un plaisantin ou un voisin voulant vous avertir d’un problème, il y a de quoi cogiter sur toutes les éventualités.

L’une d’entre elles qui m’est venue à l’esprit est liée aux événements récents.

Si vous écoutez les média plus d’un quart d’heure, soit vous avez envie de vous terrer dans une cave, soit vous avez envie de tuer votre voisin, qui est probablement un terroriste potentiel, surtout s’il fait des choses un peu bizarres. D’ailleurs, les jours précédents, suite à des appels de gens qui perdent la tête, il y a eu une perquisition pas loin de chez moi avec une quinzaine de voitures de police et tout le tralala, mais ils n’ont rien trouvé et c’était bien peu fondé.

Ce n’est pas toujours le cas puisque des perquisitions maintenant aussi simple qu’un claquement de doigts grâce à l’état d’urgence ont permis de découvrir des armes, lance-roquettes et autres joyeusetés.

Une bonne chose donc ?

Sauf que, la grande spécialité des perquisitions est de se faire de nuit ou très tôt. Et cette nuit-là, je me suis imaginé si les flics se mettait à tambouriner à ma porte quel choc psychologique cela ferait. A moitié à poil dans le froid, les enfants (à qui on répète tous les soirs qu’ils n’ont pas à avoir peur parce qu’il n’y a ni monstre, ni méchant) terrifiés, ma femme affolée tentant de les calmer et moi hébété en train de les voir retourner la maison, emporter l’ordi, etc., tout en me persuadant que je n’avais rien à me reprocher.

Bien sûr, je dois être un peu trop "français" et intégré dans la société pour que ce genre de choses puisse m’arriver mais malgré tout, je suis quand même à classer dans les catégories alternatives, libres de penser et pouvant même avoir des idées subversives. Probablement que certains voisins ne me trouvent pas très "normal". Mais le fait d’avoir eu cette crainte (qu’un voisin ait pu aller voir la Police pour leur dire qu’il fallait peut-être aller voir ce qui se tramait chez moi) est vraiment caractéristique du climat dans lequel nous ont plongé les derniers événements et c’était bien l’objectif de ceux qui les ont commandité : la terreur. Ne plus rien pouvoir faire sans avoir peur que des méchants s’en prennent à nous, voir des méchants partout et même pouvoir être pris pour des méchants. On se croirait presque dans la réalité de Matin Brun.

Le lendemain, j’écoutais une émission parlant des voisins vigilants dont je conseille la fin (à partir de 35min56s) à tous ceux qui s’intéressent à la thématique de la sécurité et de la vie privée (coucou Genma). La constat est édifiant et explique pourquoi tous ceux qui s’opposent à la loi surveillance prêchent dans le désert : les gens pensent que plus ils sont surveillés, plus ils sont en sécurité. Désolé, pas moi et si je commence à avoir peur de mes voisins comme si j’habitais en Allemagne de l’Est sous le regard de la Stasi, ce n’est vraiment pas bon signe.

Mais rassurez-vous, ce sont juste quelques réflexions qui m’ont traversé l’esprit et ne me préoccupent pas encore à plein temps, mais je voulais juste les partager avec vous parce que je ne les trouvais pas si anodines que cela.

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