XYZ

J’ai suivi avec intérêt le débat entamé entre Cascador et Augier à propos de la génération Y. Celle qui n’est pas ce que l’on en pense, qui transforme le monde et qui pourrait renverser un gouvernement à coup de clavier (dixit la vidéo recommandée dans le premier article), faites donc, je vous en prie, ce serait le moment idéal.

Pour préciser le débat, je fais partie de la génération X, et pour les petits nouveaux Y et Z qui n’en aurait pas entendu parler, nous sommes les enfants du grunge (ceux avec des cheveux longs et de jeans déchirés, tiens comme les jeunes de maintenant), enfants de la crise (ça commençait déjà quand on était petits), n’ayant pas vécu de guerre, ayant découvert les ordinateurs à l’aube de notre adolescence et premiers acteurs de l’internet naissant.

Nous aussi on a eu du mal avec la hierarchie, pour l’anecdote, en projet de groupe de fin d’étude, nous ne voulions pas d’un chef que nous exortaient de choisir les profs encadrants sous prétexte que ce ne serait pas possible autrement et qu’il leur fallait un seul interlocuteur. C’est le gars le plus sympa du groupe qui a été élu et tout s’est passé dans un joyeux bordel organisé où chacun a exploité les capacités qu’il avait. Nous non plus n’avons pas connu l’armée ou tout fait pour y échapper, nous non plus n’avons pas pu profiter du statut qu’aurait pu nous donner notre diplôme et nous aussi avons déjà pas mal changé de boulot et avons été des entrepreneurs. Finalement, je me reconnais entièrement dans la description qu’en a faite la conférencière de la vidéo ; peut-être que je suis né quinze ans trop tôt ?

En fait, je crois personnellement que chaque génération se fait un malin plaisir à toujours croire qu’elle est au centre du changement, que tout se barre en couille, que les jeunes sont des petits cons et qu’elle sait ce qu’est la vraie vie parce qu’elle est né à l’aube d’une révolution. D’innombrables auteurs le disent au fil des siècles.
Je ne renie pas le fait que l’emploi et les entreprises changent (mais n’ont-ils pas changé aussi énormément après guerre lors de l’exode rural et dans plein d’autres périodes de l’histoire ?) mais est-ce du ressort d’une génération (Y), de deux (YZ), ou de trois (XYZ) ?

Est-ce que les petits malins qui croient que maintenant qu’ils ont l’encyclopédie du monde dans leur poche pensent que cela leur permettra de changer le monde sans avoir besoin d’apprendre comment construire un raisonnement, chercher et analyser des informations, en sortir des conclusions théoriques ou pratiques (le véritable rôle de l’école et non celui d’apprendre bêtement), croient aussi que nos parents, grand-parents et ancêtres n’avaient accès à aucune connaissance ? Certes, c’était plus fastidieux et élitiste de devoir apprendre à lire (encore que cela semble l’être redevenu) et s’acheter des encyclopédies mais les connaissances étaient déjà là.

Je ne pense pas non plus que tous ceux qui sont nés dans le bain numérique aient les capacités innées d’accéder et d’utiliser toutes les informations auxquelles ils ont accès alors qu’ils sont tout à fait capable de se vautrer dans les pires conneries YouTubisées comme les générations précédentes se sont lobotomisées devant la télé. L’intelligence n’est pas générationnelle, certains sauront quoi faire des connaissances auxquels ils ont accès pour la faire progresser tandis que d’autres n’en ont que faire et préférerons toujours rester à leur petit niveau.

Bref, le changement, c’est maintenant, c’était hier et ce sera demain, mais il se fera avec les gens de toutes les générations, de toutes les compétences, de tous les métiers, qu’ils sachent ou non utiliser la technologie pourvu qu’ils aient simplement envie de faire avancer le monde vers quelque chose qui vise un peu plus que sa petite personne mais plutôt le progrès de l’humanité.

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