Des informations à la carte

Après avoir abordé les changements qui s’opèrent dans la musique, les livres ou les relations numériques, je vais attaquer le sujet de l’information.

Lorsque j’étais enfant, elle se limitait aux journaux, à la radio et à la télévision. Ces derniers étant apparus au début et à la dernière moitié du siècle précédent. Depuis une bonne dizaine d’années, le web est reconnu comme une autre source d’informations, sachant qu’il ne fait que compiler les trois premiers et ajouter comme source potentielle chacun de nous.

Une petite anecdote à ce sujet.
Il y a une douzaine d’années, alors que j’étais encore d’accord pour répondre à des sondages qui m’intéressaient, un appel téléphonique me proposait de répondre à des questions sur les énergies renouvelables. Étant sensibilisé au sujet, j’étais d’accord mais il fallait d’abord savoir si j’étais sondable (en fait savoir si j’étais suffisamment informé pour pouvoir répondre correctement aux questions). On me demande si je regarde les journaux télévisés, non (j’avais déjà balancé ma télé), si je lis le journal, non, ou au moins un magazine, bah toujours non. J’ai eu beau dire que je m’informais un peu par la radio et beaucoup par internet (sans doute moins que maintenant mais déjà quand même) et surtout que j’étais ingénieur en environnement donc que j’avais quand même le niveau pour répondre, bah non, je n’ai pas pu répondre.
Aller, une autre pour la route, à la même période, dans la rue, j’accepte gentiment de répondre à un sondage ; première question, utilisez-vous un déodorant, non, bon désolé, au revoir. Depuis, je sais que je suis hors catégorie et que de toute façon mon avis ne regarde pas les entreprises. Je ne voudrais d’ailleurs pas contredire Damien qui a bien raison de souligner la nocivité des messages publicitaires, d’ailleurs je bloque toutes les pub mais surtout parce qu’elles sont pour moi une pollution et je peux dire que vu le peu que je consomme et en plus toujours les mêmes produits, rarement issus de l’industrie, il n’y a pas beaucoup d’annonces publicitaires qui ont des chances de m’influencer tellement je suis hors panel.

Mais revenons aux sources d’informations, j’étais peut-être précurseur ou sans doute atypique mais ces pratiques numériques hors des grands médias dominants de la fin du XXème siècle (presse papier et télé) se sont largement répandues. Les internautes les plus avertis se servent depuis un certain temps des flux rss pour suivre les sites directement sans avoir à y aller régulièrement, cela permet de se constituer une espèce de journal personnel des nouvelles qui nous intéressent. Et tous ceux qui fréquentent les réseaux sociaux ont maintenant un bruit de fond des nouvelles importantes pour les gens, les sujets et les sites qu’ils suivent et cela de façon quasi instantanée.

Chose plus importante, les informations reçues ne dépendent plus d’un comité de rédaction ou d’un chef de communication mais des sources que chacun choisit. Je pense que cet aspect n’a pas encore été perçu par les politiques. Maintenant, ils ne peuvent plus raconter n’importe quoi ; en direct de leurs interventions, le fact checking permet de dénoncer les contre-vérités et sur n’importe quel événement, des témoignages et vidéos permettent de donner des informations contradictoires avec ce qui est dit par les autorités et diffusé par les médias dominants. De même, ces informations directes entre les membres d’une population peuvent permettre de faire des rassemblements ou de mener certains combats.

Si je suis très sceptique sur la révolution numérique des biens culturels qui se dématérialisent, cette révolution de l’accès à l’information alimentée par tous est une avancée sociale majeure. Comme dit Benjamin Bayart dans ses conférences, "l’imprimerie a appris aux hommes à lire, Internet leur a appris à écrire" et une véritable liberté d’expression peut se mettre en place. Ces lignes en sont la preuve.

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