Faire connaître sans polluer

La publicité ne fait pas bon ménage avec le libre, parce que le libre n’a rien à vendre (hormis du service) et que la publicité fait souvent l’éloge d’un produit afin d’inciter à la consommation. J’apprécie ce côté de la liberté de faire faire ce que l’on veut avec nos machines afin qu’elles respectent les souhaits de l’utilisateur.

D’un autre côté, lorsque l’on participe à des projets libres ou que l’on a envie que ce que l’on produit soit connu de plus de monde, on va être tenté d’en faire la promotion par tous les moyens possibles. Ne risque-t-on pas alors de tomber dans les mêmes travers que la publicité qui nous agresse dans tous les types de médias ?

Je déteste la publicité, pour moi il s’agit d’une pollution du cerveau. Si une entreprise pense faire de l’argent avec ça, tant mieux pour elle, mais j’ai le droit de pouvoir l’ignorer. Internet peut aussi encore être sans publicité sans avoir mauvaise conscience. Lorsqu’on lit un magazine, on ne nous empêche pas (encore) de tourner la page si on n’a pas jeté un œil à la pub de voiture ou de parfum en pleine page, on peut changer de station à la radio ou aller aux toilettes pendant la coupure pub.

N’ayant pas la télé, ça aide et les seules agressions publicitaires que je subis sont dans la rue, chose un peu plus tolérable dans une petite ville qu’en région parisienne, excepté pour les panneaux lumineux qui arrachent la rétine et qui perturbent la conduite. Il faudrait que la sécurité routière s’en soucie parce que c’est pour moi plus dangereux que d’utiliser le téléphone au volant.

Il me semble l’avoir déjà écrit, mais je ne me sens pas concerné par la publicité, j’achète assez peu de bien de consommation, dans un magasin, j’achète toujours les choses en fonction de leur qualité, des habitudes ou d’un choix éclairé plutôt que de sa popularité publicitaire. La majeure partie de mon alimentation est auto-produite ou je fais confiance à des producteurs que je connais. J’achète beaucoup d’occasion et pas mal sur les braderies. Un publicitaire aurait bien du mal à me classer dans une cible, il ne me vendra jamais de parfum, de voiture, d’aliments industriels, de voyages, ... je ne lui sers à rien et lui ne me sert à rien non plus.

Lorsque je cherche quelque chose, je vais regarder l’offre du marché, je regarde les comparatifs et je tape systématiquement dans le milieu de gamme pour avoir le meilleur rapport qualité/prix en éliminant tout ce qui ne tient pas la route et ce qui serait supérieur à mon besoin. Je dirais que pour les informations, les projets et logiciels, j’agis de la même façon.

Maintenant, revenons à nos moutons, libres (de suivre ou pas les autres moutons). Lorsqu’on participe à l’élaboration de logiciels, d’articles, de podcasts, de plate-formes qui regroupent des informations sur le sujet, on voudrait que ce soit connu par le plus large public et on est tenté d’en faire la publicité. Actuellement, le moyen le plus en vogue est de relayer sur les réseaux sociaux et celui qui s’y oppose passe pour un arriéré, même aux yeux de ceux qui n’en utilisent pas (et il y en a encore pas mal parmi les libristes).

Pour moi, ce n’est pas la-dessus qu’il faut se focaliser pour plusieurs raisons :

  • à matraquer les timelines, ça devient comme la publicité, on passe outre, voire ça agace (et donc moi je vire)
  • pour ceux qui pensent que l’on peut toucher de nouvelles cibles (en allant même voir du côté des réseaux bien privateurs), si ces personnes peuvent être intéressées, elles peuvent trouver l’information par elles-mêmes, si ce n’est pas le cas, elles ne pourront pas se débrouiller par elles-mêmes et seront dépendantes de quelqu’un pour installer ou dépanner
  • et pour ceux qui croient que tout passe maintenant par là et que les flux rss sont désuets, cette démarche ne fait qu’accomplir un peu plus cette prophétie auto-réalisatrice.

Après, ce n’est pas parce qu’il faut pas arroser le web de ce genre de pollution qu’il faut complètement rester dans son coin en pensant que seuls ceux qui nous méritent nous trouverons (enfin j’en connais quand même qui font tout pour). Il faut donc aller se faire connaître sur les plate-formes, auprès des gens qui parlent du même sujet, commenter et échanger avec eux, faire savoir que l’on existe là où il y a des personnes potentiellement intéressées et ensuite, à elles de suivre nos activités ou pas.

Les choses de qualité se font bien plus connaître par le bouche-à-oreille et les recommandations que par la publicité. Plus on communique, moins ça a de chance d’être intéressant pour celui qui reçoit l’information (on élargit le public mais celui-ci n’est pas extensible).

J’ai déjà écrit aussi que j’étais plus pour la promotion par l’exemple plutôt que par la volonté de convaincre, c’est une autre facette du même sujet.

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